Le jeune homme avait trainé sa monture dans l’écurie, où un palefrenier s’était empressé de faire son boulot, prenant ainsi soin de l’animal essoufflé par la redusse des derniers jours. Saluant le jeune homme d’un hochement de tête en lui faisant signe qu’il accepterait volontiers de répondre à ses innombrables questions plus tard, le chevalier sortit des écuries en se dirigeant vers la grande cour, sous le regard intrigué de nombreuses personnes. Toutefois, Alexandre ne semblait pas les voir. Quelque chose d’autre occupait son attention. Quelque chose qu’il ne pouvait voir mais qu’il ressentait jusqu’au plus profond de son être. Une oppression douloureuse au niveau de la poitrine, comme un vide soudain, s’étant formé à l’intérieur de lui… de son âme.
** Qu’est-ce que… **
- Alexandre! L’interpella une voix qu’il connaissait bien.
Son père adoptif traversait la cour à grande enjambées, les bras tendus vers celui qu’il avait élevé comme sa propre progéniture. Un sourire empli de fierté éclairait son visage, toutefois, ses traits semblaient plus tendus… ou plutôt… affaissés, creusés.
- Que se passe-t-il ? demanda le jeune homme en fronçant les sourcils, présentant que ce qu’il ressentait provenait de la même angoisse de l’ancien soldat.
- C’est… c’est Nathaniel, articula-t-il. Le vieux pêcheur. Il… il a eu un malaise à la tombée du jour, hier… depuis, son mal s’est aggravé… je crains qu’il n’en ait que pour peu de temps.
Les propos du soldat eurent un effet dévastateur sur le jeune chevalier. Bien plus qu’il ne l’aurait cru. Avant de partir du château, il avait ressenti un certain malaise, quelque chose qui risquait de mal tourné. Pourtant, il n’y avait pas prêté attention, persuadé que cela était lié aux combats qui approchaient. Jamais, il n’aurait pensé que son vieil ami était souffrant. Sans pouvoir prononcer un seul mot, Alexandre hocha légèrement la tête, préférant n’alerter personne en ce qui avait trait à ses inquiétudes. Il irait le voir dès qu’li aurait retrouvé les autres. Après une poignée de main échangée entre les deux hommes, Alexandre tourna les talons vers le centre de la cour, avec l'intention d'aller y rejoindre Ysmée. Prenant bien soin de bloquer ses pensées et ses tourments, le jeune homme afficha un mince sourire, ce qui eut pour effet d'adoucir les traits droits de son visage pâle. Quelques curieux les observaient discrètement alors que d'autres les pointaient ouvertement du doigt. Il était étonné de voir que ni la princesse d'Émeraude, ni les écuyers ne s'étaient pas encore présentés auprès d'eux. Après tout, peut-être était-ce mieux ainsi. Devant lui se trouvait un univers qu'il connaissait bien, des visages chaleureux qu'il appréciait et des gens pour qui il avait beaucoup d'affection. Prenant place sur un banc de pierre, le chevalier repoussa une mèche de cheveux rebelle et leva les yeux vers sa soeur d'arme.