L'entrainement d'Amëly Ann

Après avoir quitté les écuries, les deux jeunes gens se dirigèrent vers la place d'entrainement, où le son des épées s'entrechoquant se mêlait à celui de la faible brise qui agitait les feuilles des quelques arbres. Les pensées de la princesse se confondaient avec les siennes tandis qu'elle semblait à la fois nerveuse et impatiente de commencer. En soupirant, le chevalier se dirigea vers l'endroit où étaient entreposées les armes utilisées par les chevaliers. Il sortit une épée plutôt légère, serrant le pommeau entre ses doigts, tout en s’étirant. Arrivé devant Amëly Ann, il la lui tendit, puis sortit sa propre épée.

- Contrairement à ce que vous pensiez, Majesté, nous nous exercerons avec de vraies armes puisque selon vos dires, vous savez déjà utiliser une épée, commença le jeune homme en redressant le menton, envoyant ainsi ses cheveux sombres derrière ses épaules.

Auprès, un mannequin de bois était à la disposition des chevaliers et des écuyers. Dans le cas présent, il serait la cible de la princesse d’Émeraude… sauf si elle tenait à s’essayer directement contre Alexandre. Quoi qu’il en soit, il glissa un coup d’œil vers la jeune femme, puis rangea à nouveau son arme dans son fourreau. En penchant la tête de côté, il se posta aux côtés de la demoiselle, préférant voir à quel niveau elle se trouvait plutôt que de l’envoyer frapper sur le mannequin immédiatement.

- Alors, que vous a-t-on appris lors de vos pratiques antérieures ? demanda Alexandre en l’observant d’un œil attentif.

[ Désolée, post pas terrible , je ferai mieux au prochain ^^']

(HJ: T'es pardonné. ^^ Je fais pas mieux que toi )

Amëly Ann s'approcha du jeune homme et prit l'épée qu'il lui tendait d'un mouvement qu'elle voulait sûr et solide. Elle la soupèsa un moment et fit gliser son doigt sans pression sur la lame pour voir à quel point elle était aiguisée. Sa petite inspection terminée, elle plongea son regard dans celui d'Alexandre et écouta son nouveau mentor d'une oreille attentive. Le fait de se retrouver avec une véritable épée entre les mains ne la troublait pas pour autant, ce n'était cependant pas se à quoi elle s'attendait.

- Alors, que vous a-t-on appris lors de vos pratiques antérieures ?

Lui demanda Alexandre.

La princesse fit mine de réfléchir un moment et essaya de se rappeler.

- En fait, commença-t-elle, mon père tenait à se que je sache me défendre lors de nos voyages à travers le continent. Alors, j'ai eu droit aux enseignements de bases sur le maniement des armes, surtout pour les mouvements défensifs.

Fit-elle doucement, son regard toujours mêlé à celui de l'homme.

elle savait que c'était bien peu mais, c'était pour ça qu'elle recevait des leçons, non?

Le jeune homme écouta attentivement les propos de la demoiselle en observant son visage tandis qu’un imperceptible sourire ourlait ses lèvres. Au moins, elle ne s’écroulerait pas sous le poids de la lame, c’était déjà un début…

- Nous verrons bien ce que nous pouvons faire avec cela, dit-il-en guise de réponse.

Il n’avait pas l’intention de former la princesse comme guerrière, simplement l’aider à raffiner ses coups ainsi que sa dextérité à éviter les attaques portées par autrui. Lentement il la contourna, mettant un terme à la communication visuelle qu’Amëly Ann exerçait. Elle n’était pas bien grande, ni très costaude, pourtant, il pourrait facilement lui apprendre d’avantage si elle se montrait attentive. Après tout, il n’y avait pas que la force qui permettait à un bon combattant de terrasser son ennemi. La logique y était pour quelque chose également. Et cela, la nouvelle élève d’Alexandre ne semblait pas en manquer.

Le visage de l’homme semblait songeur, tandis qu’il détaillait d’un simple coup d’œil les points forts et faibles de la jeune femme. L’ancien prince d’Argent, avec son visage exsangue et ses traits droits ne semblait pas tout à fait humain. Certains auraient pu croire qu’il était issu du peuple sylvestre, d’autre qu’il était un hybride. Pourtant, personne ne savait d’où il venait, ignorant qu’il s’agissait du fils aîné de la famille royale d’Argent. Cessant finalement d’observer la demoiselle, il se posta devant cette dernière, à quelques distances d’elle. En délaissant son arme pour une autre plus légère, à l’aide de ses pouvoirs de lévitation, le jeune homme en attira une vers lui, avant de se mettre en position de combat.

- Je vous laisse attaquer la première. Bien entendu, je ne ferai rien qui puisse vous blesser. Nous ne verrons que la façon dont vous vous y prenez pour bloquer les coups de votre adversaire, dit-il en attendant qu’elle donne le premier coup.

Amëly Ann écouta attentivement les propos d'Alexandre. Elle se laissa observer par l'homme sans ciller puis, se tourna vers lui lorsqu'il reprit la parole.

- Je vous laisse attaquer la première. Bien entendu, je ne ferai rien qui puisse vous blesser. Nous ne verrons que la façon dont vous vous y prenez pour bloquer les coups de votre adversaire.

La douce princesse hocha lentement la tête et prit une position offensive, prête à attaquer. Dès que l'homme se plaça lui-même dans sa position défensive, la jeune femme chargea. Des coups, plus ou moins puissants, se mirent à pleuvoir sur le jeune chevalier dans tout les sens. Amëly était entré dans une sorte d'état second et tout sourire avait disparu de son visage. Seul la concentration pouvait s'y déchiffrer. Étonnament, bien que sa précision ne soit pas parfaite, sa coordination elle, était bien présente. Un coup un peu mieux placé que les derniers, se dirigea droit vers la jambe de l'homme. La princesse se doutait bien qu'Alexandre bloquerait son attaque mais, elle essayait ardement de l'atteindre. Comme pour lui montrer qu'elle valait quelque chose.

Tout en laissant son adversaire attaquer, le jeune homme para habilement les coups. Sans toutefois utiliser toute ses capacités, il se contenta d’étudier minutieusement les techniques de la princesse, sans doute apprises par ses entraineurs auparavant. Ces derniers avaient certes fait un bon travail jusqu’à présent. Elle semblait prendre conscience des mouvements de son antagoniste tout en tentant de l’atteindre, sans omettre de parer ses coups.

Puis, lorsqu’elle visa sa jambe, Alexandre repoussa légèrement son assaillante à l’aide de son arme d’un coup moins puissant que ceux qu’il avait l’habitude de donner. Bloquant ainsi le coup, il redressa la tête en esquissant un sourire satisfait.

- Un coup intelligent, la félicita-t-il en mettant ainsi fin à leur combat amical. Cependant, un véritable adversaire aurait pu se servir de ceci pour vous abattre sa lame en pleine nuque. Il ne faut jamais négliger aucune partie de votre corps lorsque vous attaquez. Sinon, l’une d’elle risque de devenir trop vulnérable… toutefois, vous me voyez ravis de voir vos aptitudes. Il est agréable de côtoyer des princesses capables de manier une arme sans crainte d’y perdre un ongle, railla-t-il en esquissant un sourire entendu.

Le jeune chevalier repoussa à nouveau une mèche de cheveux sombre, puis laissa la pointe de son épée trainer au sol, alors qu'il se tenait toujours devant sa nouvelle apprentie.

- Un coup intelligent,

Amëly Ann sourit à l'homme pour le remercier du compliment après avoir reprit son souffle. Elle avait beau savoir se servir de l'épée, elle était loin d'être en parfaite forme physique.

Elle acquiessa ensuite devant son erreur lorsqu'Alexandre la lui fit remarquer. Il est vrai qu'un adversaire ayant voulu lui faire du mal aurait pu profiter de cette attaque et peut-être, réussir à lui briser le cou. La princesse déglutit en y pensant mais, elle se dit que c'était pour ça qu'elle s'entraînait; Soit, ne plus faire ces erreur qui pourraient lui coûter la vie.

- Il est agréable de côtoyer des princesses capables de manier une arme sans crainte d’y perdre un ongle,

Ajouta ensuite le chef des chevaliers.

Amëly Ann sourit à son interlocuteur. Elle n'avait jamais été ce genre de femme. Bien au contraire, Elle adorait relever de nouveaux défis et explorer toujours plus d'endroits. Si elle aurait eu peur de se casser un ongle, elle serait restée dans sa chambre ce matin-là! Enfin, elle sortit de ses pensées et plongea son regard doré dans celui du chevalier.

- Alors, on continue?

Demanda-t-elle, toujours souriante.

Selon ce qu’il percevait chez la jeune femme, cette dernière se faisait une véritable joie de pouvoir s’exercer ainsi, dévoilant ses capacités et défoulant tout son saoul au cours de l’entrainement. Lorsqu’elle l’interrogea, Alexandre leva les yeux vers le ciel bleuté, où un soleil presque blanc brillait encore haut au dessus de la forteresse.

- Bien, murmura-t-il d’un ton songeur, si vous y tenez.

L’idée de lui servir d’entraineur ne dérangeait point le chevalier à ses tâches quotidiennes puisqu’il s’exerçait par la même occasion. Pourtant, il avait hâte d’avoir son écuyer à qui il pourrait montrer les vraies techniques de combats, ou de tout simplement se dégourdir les jambes au-delà du royaume. Bien qu’il appréhende l’idée d’avoir la sécurité d’un jeune sous son aile, Alexandre ressentait une certaine fierté en songeant qu’il ferait de lui ou d’elle un futur chevalier adroit et bien entrainer. Quoi qu’il en soit, pour le moment le chevalier ne ressentait pas le besoin de mettre fin aux pratiques d’Amëly Ann, bien qu’il eu apprécié que son monarque l’envoie en patrouille dans un autre royaume, simple idée de changer d’air. À nouveau, il fit légèrement tournoyer son épée en avançant d’un pas vers son adversaire. Un sourire espiègle se dessina sur son visage tandis que cette fois-ci, il attaquait le premier. De façon loyale et peu dangereuse, certes, mais cela permettrait toutefois au jeune homme de tester les reflexes de la princesse.

Amëly Ann fut surprise par le coup d'Alexandre mais, elle réussit tout de même à le bloquer. De justesse par contre! Elle reprit vite la cadence du combat en bloqua progressivement chacun des coups du chef des chevaliers. Ses bras cependant, peu habitué à combattre si ardement, vinrent à faiblir. Après avoir porté un dernier coup en direction du bras droit du chevalier, Amëly se recula d'un pas et laissa tomba l'épée de fer, qui lui semblait maintenant beaucoup trop lourde, sur le sol. Elle se rapprocha ensuite d'Alexandre, tout en frictionnant son bras droit.

- Je crois que j'en ai fait assez pour aujourd'hui.

Fit-elle en souriant ironiquement de sa position. Elle aurait souhaité continuer mais, son corps lui, ne répondait plus.

Elle observa un moment la cour et se qui les entourait. Puis, elle reprit la parole.

- Y a-t-il quelque chose que vous vouliez faire, sir.

Lui demanda-t-elle, espérant rester en sa compagnie encore un moment.

Voyant que la jeune femme semblait éprouver un peu moins d’entrain qu’au début, Alexandre mis fin au combat amical après un bref hochement de tête. Il se dirigea vers Amëly Ann et lui repris son épée, la libérant ainsi du poids supplémentaire qu’elle exerçait sur son bras. Ainsi, le chevalier alla déposer les armes aux places qui leur étaient assignées puis se tourna à nouveau vers la princesse, un franc sourire se dessinant sur son visage exsangue aux traits droits et volontaires.

Lentement, il retourna vers elle, joignant ses mains dans son dos, tout un lançant un regard circulaire sur l’endroit, où d’autres chevaliers et futurs écuyers déambulaient, tantôt pour observer les prouesses des autres, tantôt pour y participer. Enfin, il répondit à la question de la princesse.

- Eh bien, pour tout vous dire Majesté, commença-t-il en se postant à une certaine distance d’elle, je ne suis guère habitué à ce que quelqu’un me demande ce que je veux faire…

Un léger rictus, quelque peu amusé, mais où une certaine parcelle d’agacement semblait transparaître s’afficha sur son visage. La vie en mission et celle de tous les jours était loin d’être semblable. La première option consistait à guider ses hommes, à les aider du mieux qu’il le pouvait et à établir des stratégies tandis que la seconde avait pour lui une particularité spécifique : la solitude. Bien qu’il sache que d’ici peu, il devrait prendre sous sa charge un écuyer, le jeune homme ne pouvait nier ce besoin qui peut paraître égoïste pour certain, celui de se retrouver seul… Voyant toutefois qu’il risquait d’offenser la jeune femme, il se reprit quelques instants plus tard.

- Cela doit bien faire au dessus de dix ans, en fait, que personne ne m’a proposé ainsi de rester en sa compagnie, ajouta-t-il en avançant de quelques pas vers le centre de la cour. Si cela peux me permettre de connaître ce à quoi s’occupe une princesse comme vous lorsqu’elle se cherche quelque chose à faire, je veux bien me porter volontaire…

Délaissant le semblant de moue désagréable qui s’était apposée sur ses lèvres, le jeune homme afficha un sourire jovial, invitant ainsi la princesse à le suivre si elle en avait envie.

Amëly Ann s'aperçut bien vite que l'idée de rester avec elle n'enchantait guère le chef des chevaliers. Du moins, c'est ce qu'elle déchiffra sur son visage. Sa poitrine s'était fortement comprimée, l'empêchant de respirer normalement.

- Eh bien, pour tout vous dire Majesté, commença-t-il en se postant à une certaine distance d’elle, je ne suis guère habitué à ce que quelqu’un me demande ce que je veux faire…

Amëly Ann comprit un peu mieux son malaise. Il est vrai qu'en tant que chef, Alexandre devait plus souvent qu'autrement donner des ordres et penser stratégie plutôt qu'à ses promenade et à quoi il occuperait son temps libre. La jolie princesse lui sourit doucement mais, n'eut pas le temps de prendre la parole que déjà, Alexandre c'était lancé.

- Cela doit bien faire au dessus de dix ans, en fait, que personne ne m’a proposé ainsi de rester en sa compagnie, ajouta-t-il en avançant de quelques pas vers le centre de la cour.Si cela peux me permettre de connaître ce à quoi s’occupe une princesse comme vous lorsqu’elle se cherche quelque chose à faire, je veux bien me porter volontaire…

Amëly avait espéré qu'il lui donnerait une réponse car, en fait, elle n'avait absolument aucune idée de se qu'elle voulait faire. Au lieu, le jeune chevalier lui proposait de l'accompagner dans se qu'elle désirait faire. Elle se mit donc à réfléchir. Après une balade à cheval et un entraînement, disons, intensif, à l'épée, la jeune femme était tout simplement exténuée. Bien que l'idée d'aller à la rivière lui plut, elle n'en sentait plus la force. Elle opta donc pour un bon dîner en compagnie du chevalier. S'il désirait la suivre, bien entendu...

- Je crois que le mieux pour moi serait d'aller manger un peu. La promenade et l'entraînement m'ont creusé l'appétit. Désirez-vous toujours m'accompagner?

Fit-elle à l'intention d'Alexandre.

Elle avait bien l'intention de lui laisser le choix. Après tout, n'avait-il pas passé toute son après-midi en sa compagnie? Elle attendit donc sa réponse et souriant légèrement. Elle adorerait toutefois être accompagnée.

Le vent tourmentait ses cheveux d’ébènes tandis qu’il posait sur Amëly Ann un regard songeur et transperçant, donnant ainsi l’impression de lire au plus profond de l’âme de cette personne dont chacune des parcelles semblait émané une pureté encore intouchée par les cruautés déchirantes de la vie. Comment dire non à un être dont les yeux scintillaient d’une lueur d’espoir, de crainte de se retrouver à nouveau seule?

- Je crois que le mieux pour moi serait d'aller manger un peu. La promenade et l'entraînement m'ont creusé l'appétit. Désirez-vous toujours m'accompagner?

Le jeune homme l’observa un moment, semblant songeur. Après tout, si quelqu’un avait besoin de son aide, il n’aurait qu’à le rejoindre par communication télépathique. Hochant légèrement la tête après une brève révérence à l’égard de la princesse de son royaume d’adoption, Alexandre accepta de la suivre jusqu’aux cuisines. S’il pouvait ainsi la rendre heureuse, alors pourquoi le lui refuser ? il ne se servait pas de sa force pour la défendre contre de quelconques envahisseurs, mais il accomplissait l’un de ses devoirs de chevalier : celui de proposer son aide, voir ici sa simple présence, à une personne qui semblait en avoir besoin.

- Soit, allons-y, dit-il en guise de réponse alors qu’ils avançaient vers la forteresse.

Le doux visage de la charmante princesse s'illumina soudainement. Elle pencha délicatement sa tête de côté tout en faisait une légère révérance en guise de remerciment. Elle appréciait de plus en plus le jeune chevalier et sa compagnie l'enchantait tout simplement. ses journées étaient habituellement d'une telle tristesse qu'elle redoutait à présent le jour où Alexandre devrait partir en mission et guider les chevaliers d'Émeraude au travers le continent. À ce moment alors, elle se retrouverait seule dans l'immense château. Elle chassa enfin ces sombres pensées de sa tête et sourit au chef des chevaliers, ses yeux dorés brillant telles de petites étoiles. Elle tourna ensuite les talons, ses cheveux blonds virevoltant derrière elle, et se dirigea vers les cuisines avec Alexandre à ses côtés.

(HJ: Suite dans les cuisines. Sujet: Un dîner mérité)