Promenade en plein air

Un vent frais venait balayer l’endroit, créant de faibles sillons sur la surface de la rivière, tandis que les rayons du soleil scintillaient à la surface miroitante, des milliers de pierres précieuses. Près de vingt ans s’étaient écoulés depuis la découverte du petit prince d’Argent, sur les rives de cette même rivière par un groupe de pêcheur. Ce même ancien prince, dont le royaume d’origine avait pleuré la perte pendant des années, se tenait près de la surface brillante, silhouette sombre se découpant sur le paysage immaculé. Fixant de ses iris étrangement bleutés le vieil homme qui chargeait sa barque, un fin sourire, presqu’invisible bordait ses lèvres minces, le jeune chevalier l’observait en penchant la tête, conscient que deux décennies plutôt, ce vieux pêcheur amateur l’avait sauvé d’une mort certaine. Depuis qu’il avait l’âge de marcher, il lui rendait visite chaque fois qu’il le pouvait.

- Un homme comme toi ne devrait-il pas être entrain de s’entrainer assidument? Demanda le vieillard tout en chargeant sa barque à l’aide de l’un de ses compagnon.

Le jeune homme esquissa un sourire entendu à l’égard de son interlocuteur, auquel il avait formellement interdit de le nommer « sire », ou même de simplement le vouvoyer… après tout, s’il n’avait pas apporter le petit Alexandre à bon port, ce dernier serait mort d’une noyade certaine…

- La tâche d’un chevalier consiste également à aider ceux qui en ont besoin, répondit ce dernier en empoignant un filet qu’il déposa au fond de la barque pour éviter à l’autre de forcer inutilement.

Le visage ridé du paysan se leva vers celui du jeune chef des chevaliers avant de s’étirer en un sourire fier, comme l’aurait fait un père. Les yeux argentés du vieil homme brillaient encore de malice malgré son âge avancé. En esquissant un léger rictus, il ne lâcha pas pour autant.

- Il serait pourtant temps pour toi de songer à prendre une épouse, non?

- Non, affirma Alexandre en se tournant à nouveau vers son interlocuteur. Les hostilités sont trop proches. Les écuyers seront attribués à chacun de nous et ce serait égoïste de ma part de prendre pour épouse une femme pour laquelle je ne ressens rien pour ensuite la laisser seule en allant défendre le continent…

L’autre répondit simplement d’un bref hochement de tête en lui lançant un regard suspicieux auquel Alexandre ne porta aucune attention. À quelques mètres d’eux, son destrier piaffait en broutant alors qu’il secouait sa crinière, fier comme aucun autre animal que le jeune homme avait pu connaître. Son pelage entièrement noir, soyeux, brillait sous les rayons du soleil. Shadow... tel était le prénom que son maitre lui avait donné. En avisant son manège, Alexandre se tourna vers lui tout en soupirant d’exaspération. Puis, alors qu’il aidait le vieil homme et son compagnon à engager la barque sur la rivière, il reprit à leur égard :

- Soyez prudents! Et sachez que si cela vous exaspère que je n’agisse qu’à ma tête, vous ne devez pas vous inquiéter pour moi, ni pour celle avec qui je déciderai de faire ma vie… simplement, elle ne s’est pas encore montrée! Oh! Et… la prochaine fois, forcez donc père à venir avec vous! Il serait bien moins dangereux de le laisser entourer de vieux amis plutôt que d’armes dont il n’a plus la force de se servir !

En levant la main en signe d’au revoir, le jeune homme suivit de son regard aux reflets glacés les deux compagnons pendant un moment, comme par habitude… cette même rivière, si belle puisse-t-elle être ne cessait de lui rappeler le jour où il s’y était retrouvé bien malgré lui… pourtant, personne ne savait ce qui l’avait amené à s’y trouver… ni même lui d'ailleurs.

Levant un regard couleur d’océan sur le ciel azuré, le chevalier tourna les talons vers son étalon qui releva l’encolure en hennissant. Son maitre agrippa sa bride puis l’entraîna avec lui, sur le petit sentier de terre battue menant à l’un des villages. Seul le martellement des sabots et le bruissement des feuilles des arbres venaient rompre le silence bienveillant de la contrée… du moins, jusqu’à ce que ses sens l’informe de l’approche d’un autre cavalier. Shadow dressa les oreilles tandis que le chevalier l’incitait à se calmer. L’énergie se dégageant du nouveau venu, encore loin d’ailleurs, n’était ni néfaste, ni dangereuse. Or, le jeune homme ne dégaina point ses armes, restant sur le sentier de terre battue, profitant de cet instant de repos.

Comme ses sens l’avaient démontré plus tôt, le cavalier – ou plutôt, la cavalière – se pointa quelques instants par la suite. De tout son être émanait une certaine énergie qui n’était, à proprement parlé, pas humaine. Céleste, divine… tenant toujours sa monture par la bride, le chevalier incita ce dernier à s’arrêter alors qu’il s’ébrouerait à la vue de l’autre destrier. Il détailla l’inconnue d’un regard poli, avant de baisser les yeux en effectuant une courte révérence à son égard.

Il n’aurait su dire à qui il s’adresserait, toutefois, les ondes se dégageant de la nouvelle venue ne lui paraissaient point néfastes, quoi que point humaines non plus… il ne s’agissait certainement pas d’une elfe, ni d’une fée… était-ce une Immortelle ou une entité divine? Levant à nouveau son regard couleur d’océan sur l’inconnue, le chef des chevaliers s’écarta de son chemin, bien que Shadow ne cesse aucunement de tenter d’attirer l’attention des deux autres. Voyant que la femme glissait un regard vers la cuirasse sertie de pierres précieuses, le chevalier hocha humblement la tête, puis se décida enfin à prononcer quelques mots.

- Serait-ce de la stupeur que je me surprends à lire sur votre visage? Se risqua-t-il à demander d’un ton posé.

En baissant les yeux sur sa cuirasse, il reprit, à peine quelques instants plus tard.

- Je me nomme Alexandre, chevalier d’Émeraude et défenseur d’Enkidiev, dit-il en effectuant à nouveau une courte révérence à l’intention de l’inconnue.

En posant une main apaisante sur le dos de sa monture, celle-ci se calme peu à peu, laissant finalement toute la place à l'autre cavalier sur la route de terre battue. Tout en continuant de piaffer d'impatience, elle demeura toutefois à l'écoute de son maitre, qui semblait résolu à ne point passer son chemin si rapidement. L'énergie se dégageant de la nouvelle venue l'intriguait, et de toute évidence il aurait été totalement impoli et dévalorisant pour l'ordre de se contenter de poursuivre son itinéraire, tel un guerrier hautain et dépourvue de toute bonnes manières.

Retenant toujours la bride de son destrier, Alexandre écouta les propos de la jeune femme, sans relever la moindre opposition. À son tour, il tourna les talons vers la rivière d’où il était parti quelques instants auparavant. Depuis ses débuts en tant que chevalier, il n’avait jamais eu l’occasion de côtoyer un Immortel. Pourtant, bien que ces êtres soient censés protéger le continent, le jeune guerrier n’en demeurait pas moins légèrement perplexe à leur égard. Pourquoi, il n’aurait su le dire exactement… peut-être parce que selon tout ce qu’il avait appris par l’intermédiaire de ses prédécesseurs, des livres d’histoire ou par la bouche des conteurs, ces créatures immatérielles devaient aider les humains… or, comment pouvait-on faire confiance à un être doté de si puissants pouvoirs magiques? Quoi qu’il en soit, il n’était personne pour douter des intentions de l’inconnue aux allures divines… il découvrirait tôt ou tard ses véritables intentions. Pour le moment, il ne ressentait aucune animosité de la part de son interlocutrice. Pour répondre à la question de cette dernière, le jeune homme leva les yeux vers l’étendue bleutée du ciel clair.

- Comme vous l’avez sans doute constaté, il fait un temps merveilleux et rien n’oblige un chevalier à ne point apporter un coup de main à de vieux amis, dit-il sans cacher l'étincelle narquoise qui perlait dans sa voix.

Lorsqu’ils furent rendus près de la rivière, le destrier du guerrier se pencha pour aller se désaltérer, laissant finalement son maître tranquille en cessant de souffler bruyamment. Prenant place sur un rocher, Alexandre parcouru des yeux le paysage, avant de s’adresser à nouveau à l’inconnue aux cheveux d’or.

- Peut-être cela vous paraîtra-il absurde, mais mes sens ne se sont jamais encore montrés défaillants, commença-t-il en posant son regard couleur d’océan sur l’être céleste. S’il peut-être étonnant de voir un chevalier de l’ordre seul au beau milieu d’une rivière, puis-je vous renvoyer la question?

Il attendit quelques secondes, tout en faisant comprendre à la jeune femme que peu importe s’il obtenait son accord ou non, il lui poserait sa question coûte que coûte. En effet, le chef des chevaliers ne se fit point prier.

- Que fait un être aux aspirations divines ici, dans cette campagne inondée de soleil tandis que son cheval se désaltère près de celui d’un humain?

Son ton n’avait aucunement perdu de sa politesse, bien qu’une pointe de curiosité perlait au fond de son regard étrange.

[ HJ : pour ma part, je crois pouvoir supporter ta présence désagréable XD non, je blague ^^’]

Le jeune homme toisait toujours son interlocutrice d’un regard poli, bien que plutôt curieux lorsque la présence de la jeune princesse se fit percevoir. Tandis qu’elle s’approchait d’eux afin de se présenter, Alexandre se tourna vers la représentante de la famille royale avant de la saluer d’une révérence discrète. Il attendait toujours les réponses à ses questions en lien avec l’étrangère, mais il ne pouvait ignorer la présence de la demoiselle auprès d’eux.

- Mes salutations, votre altesse, dit-il en redressant les yeux vers la jeune femme.

Puis, presqu’impulsivement, alors qu’il promenait son regard bleuté sur chacune des deux femmes, un sourire en coin se dessina sur son visage pale tandis qu’il percevait chez la jeune princesse la curiosité qui l’animait face à l’étrangère. Il s’agissait du même sentiment qui emplissait l’esprit du chevalier à l’égard cette l’Immortelle...

Tout en repoussant à nouveau une mèche rebelle, le jeune homme parcourru le paysage du regard, tout en le sondant à l’aide de ses sens. Alors, il s’adressa à nouveau à l’intention d’Amëli Ann sans vouloir interrompre l’Immortelle... cependant, la sécurité de son souverain, ainsi que celle de chaque membre de sa famille lui importait autant que la sauvegarde du continent.

- Sauf le respect que je vous dois, princesse Amëli Ann, pour quelles raisons vous êtes vous aventurez seule dans cette campagne? Aucun garde ne se trouve avec vous… or, cela n’Est point sécuritaire pour la prochaine souveraine de notre royaume…

Évidemment, aucun danger en provenance de l’Empire pourrait s’en prendre à elle ici… mais un accident pouvait tout de même arriver et le chevalier doutait que la jeune princesse puisse être capable de se défendre seule…

HJ: ^^' Désolée pour ne pas avoir répondu plus tôt!

Aryll s'apprêtait à répondre à la question du jeune chef des chevaliers, lorsqu'elle ressentit une aura inconnue se diriger vers eux. Elle sonda l'inconnue plus profondément et la reconnut comme étant la jeune princesse du Royaume d'Émeraude. La jeune femme avait de longs cheveux blonds, légèrement plus foncés que ceux de l'Immortelle, qui étaient presque blancs.

-Je me nomme Amëly Ann d'Émeraude. Je suis la file du roi de ce royaume.

Aryll esquissa un sourire amusé. Elle le savait déjà bien avant l'arrivée de la princesse, pour l'avoir sondée de loin.

-Et moi, je me nomme Aryll. Enchantée, Votre Altesse.

Elle tourna son regard doré vers Alexandre. Celui-ci semblait toujours attendre une réponse de sa part. Puisque la future souveraine du royaume que l'être magique allait prochainement protéger, elle en déduit que ce serait profitable d'annoncer sa véritable identitée en présence des deux jeunes gens.

-Pour répondre à votre première question, sire Alexandre... Il est vrai que je suis d'origine divine. Je me nomme Aryll, je suis une Immortelle, et j'ai été envoyée ici par les dieux pour être la prochaine protectrice de ce continent et pour vous aider contre le nouvel Empereur Noir et ses soldats. Vous avez sûrement déjà entendu parler de l'Immortel Abnar? Il a été mon mentor, en espérant me voir réussir là ou il a échoué. Sachez que je ne vous veux aucun mal et que je suis ici pour vous aider.

La jeune femme célèste prit une pause avant de continuer.

-Pour ce qui est de votre deuxième question, la réponse est innocente: je suis arrivée ici il y a peu de temps et j'ai simplement décidé de profiter de cette belle journée pour me déplacer autrement que par la voie de la magie. Si je vous ai rencontré, ce n'est que par le plus heureux des hasards. Je crois maintenant que j'ai répondu à toutes vos questions.

Pendant son discours, Aryll avait gardé un ton chaleureux et poli. Elle ne voulait pas aborder un air supérieur aux autres et ne voulait avoir que la confiance des humains.

La jeune femme inclina de nouveau sa jolie tête blonde après les salutations d'Alexandre et la présentation d'Aryll. Celle-ci lui plaisait beaucoup, bien qu'elle ne la connaissait pas encore. Elle tourna son regard vers le chef des chevaliers lorsque celui-ci prit la parole.

- Sauf le respect que je vous dois, princesse Amëly Ann, pour quelles raisons vous êtes-vous aventurée seule dans cette campagne? Aucun garde ne se trouve avec vous… Or, cela n’est point sécuritaire pour la prochaine souveraine de notre royaume…

L'entendit-elle dire. Un doux sourire illumina son visage.

- Vous devriez pourtant savoir que je ne gouvernerai jamais ce royaume, sir. Étant la princesse cadette d'Émeraude (HJ: Oublions le fait qu'il manque des membres pour combler ces postes ^^), mes frères ont beaucopu plus de chances que moi d'hériter du trône de mon père.

Fit-elle à l'intention de l'homme.

- De plus, j'ai une certaine base en combat et aucun ennemi n'a été signalé sur nos terres. De toute façon, je suis sorti justement dans le but d'échapper à ces foutu gardes qui ne me lâche jamais d'une semelle.

Ajouta-t-elle de sa voix cristalline.

Ensuite, ce fut au tour de l'inconnue, ou plutôt Aryll, de prendre la parole. Amëly Ann ouvrit la bouche d'ébahissement devant se qu'elle avait à dire. Sous le choc, elle garda la bouche ouverte un moment, avant de s'en rendre honteusement compte. Elle la referma d'un coup sec, toujours impressionnée par se qu'elle voyait. La princesse avait tout simplement du mal à croire qu'elle se tenait devant une véritable immortelle. Jamais, si on le lui aurait dit avant qu'elle ne quitte le château, elle ne l'aurait cru.

Dardant à nouveau les yeux sur l'Immortelle, le chevalier haussa légèrement les sourcils tout en la détaillant minutieusement, comme pour déceler la moindre parcelle de mensonge ou de fourberie dans ses propos. Pourtant, bien que sa magie soit inférieure à celle de l’être divin, le jeune homme hocha légèrement la tête, en signe d’assentiment. Alors, les dieux leur envoyaient une fois de plus l’aide des immortels…

- Certes, je connais l’histoire de maître Abnar et je me doutais que le ciel ne saurait tarder à envoyer aux humains un autre Immortel… cependant, je ne croyais pas que cela arriverait si tôt…

L’espace de quelques instants, le chevalier sombra dans ses pensées, desquelles il fut tiré par la voix cristalline de sa deuxième interlocutrice. Pour toute réponse, le jeune homme se contenta d’acquiescer poliment alors qu’un sourire énigmatique ourlait ses lèvres. Après tout, que pouvait-il contre une princesse trop curieuse à qui il devait allégeance ? au moins, elle avait raison… ses capacités au combat lui permettait de se défendre convenablement bien qu’elle ne soit sans doute point apte à combattre un ennemi de taille.

- Bien entendu, altesse, répondit-il finalement en inclinant légèrement la tête, sans toutefois la lâcher des yeux. Il s’agissait d’une simple précaution de ma part… cadette ou non de la famille royale, vous êtes tout de même au même pied d’égalité que pour ce qui est de vos aînés…

Posant un instant les yeux sur la rivière, il reprit sans toutefois cacher son amusement. Après tout il est vrai que cela devait être lassant d’être sans cesse suivie par de quelconques gardes…

- Quoi qu’il en soit, héritière ou non, faites attention, princesse, c’est la seule chose que je puis vous recommander.

Il tourna à nouveau les yeux vers les deux femmes tendis que son sourire s’attardait toujours sur son visage aux traits d’albâtre. Shadow recommençait à piaffer d’impatience alors que l’attention de son maitre n’était plus porté sur lui. A nouveau, le jeune homme s’inclina avec respect devant les deux femmes, puis se dirigea vers son destrier.

- Si vous permettez que je dispose, je rentrerai au château, avant que Shadow ne décide d’y retourner seul, conclu Alexandre en prenant le cheval noir par les bride qui le retenait.

Tirant la bête vers le sentier, le chevalier se tourna à nouveau vers l’Immortelle avant de prononcer ces quelques mots.

- Puisse votre aide permettre la destruction de l’Empire noir, pour de bon cette fois, dit-il avant de poser son attention vers son destrier qu’il tenait toujours par la bride.

Tandis qu’il s’apprêtait à laisser ses deux interlocutrices poursuivre leurs propos, la princesse s’adressa une fois de plus à lui. Le jeune homme porta son attention sur celle-ci, puis acquiesça, sans toutefois mettre le pied à l’étrier. Il se contenta donc d’entrainer Shadow avec lui, alors qu’il reprenait la route du château en compagnie Amëli Ann. Après un bref moment de silence, tandis qu’il observait les rayons du soleil transpercer les feuilles des arbres, Alexandre reprit à l’intention de son accompagnatrice.

- Vous aurais-je effrayée avec ma théorie sur de quelconques attaques en campagne? Demanda-t-il en levant les yeux vers la cavalière alors qu’à nouveau, probablement par habitude, un sourire en coin se dessinait sur ses lèvres.

Il n’avait pas la moindre envie d’offusquer la jeune femme, bien que ses airs et son ton auraient sans doute causé de nombreuses crises d’hystérie auprès de certaines princesses qu’il avait entrevue au cours de sa vie en tant que chevalier.

Au loin les pourtours du château se découpaient et le murmure du vent venait nonchalamment tourmenter les mèches rebelles du soldat alors qu’en accompagnateur parfait, il s’occupait de sonder les environs tout en gardant un œil sur le destrier de la princesse.

Amëly Ann, maintenant au côté du chevalier, regardait le paysage de la campagne défiler devant elle. Le château se profilait, majestueux et sobre à la fois, à l'horizon. La jeune princesse était quelque peu mal à l'aise face au silence qui s'était installé entre les deux personnages. Lorsque l'homme prit la parole, elle soupira et sourit à son interlocuteur.

- Vous aurais-je effrayée avec ma théorie sur de quelconques attaques en campagne?

Lui demanda-t-il.

La princesse réfléchit un moment avant de répondre. Elle plongea son regard dans celui du chef des chevaliers et lui répondit:

- Et bien, je crois que non, fit-elle honnêtement. Une quelconque menace n'aurait que mit un peu de piquant dans ma promenade. Ajouta-t-elle en souriant, mi-sérieuse.

Elle observa la réaction d'Alexandre avant de continuer de sa voix douce.

- De toute façon, vous êtes avec moi maintenant. Plus rien ne pourrait m'arriver.

Fit-elle en haussant légèrement un sourcil, un sourire en coin se dessinant sur son beau visage.

Face au point de vue tenu par la jeune femme, Alexandre lui adressa un regard quelque peu perplexe alors qu’il haussait légèrement les sourcils. Puis, en réprimant son sourire, il répliqua enfin.

- L’existence de princesse doit vous paraître bien morne pour penser ainsi, commença-t-il sans détourner les yeux. Vous auriez sans doute été un bon parti pour l’ordre…

Baissant les yeux sur la robe noire de sa monture, le jeune homme patienta quelques instants avant de répondre à la théorie de sa jeune accompagnatrice. Après s’être raclé la gorge, il porta son attention sur la plus haute tour du château qu’il percevait entre les branches des arbres, puis, enfin, il consenti à répondre. À nouveau, le chevalier posa les yeux sur Amëly Ann en avisant le sourire qui s’était dessiné sur son visage.

- De toute façon, vous êtes avec moi maintenant. Plus rien ne pourrait m'arriver.

- Voyez-vous majesté, s’il en était autrement, on ne me permettrait point de guider d’autres chevaliers… je risquerais de les précipiter dans une crevasse à la moindre patrouille que nous effectuerions.

Un sourire franc s’élargit sur ses lèvres, dévoilant une rangée de dents d’un blanc nacré.

- Donc, à bien y réfléchir, poursuivit-il en feignant la réflexion tout en portant une main songeuse à son propre menton, je présume qu’en effet, il ne vous arrivera rien de fâcheux d’ici que nous ayons atteint la forteresse.

Retombant à nouveau dans un bref silence, le jeune homme le brisa cependant quelques instants plus tard alors qu’il réfléchissait à ce qu’elle avait dit plus tôt.

- Bien que vous ayez sans doute suivit des cours avec certains soldats ou quelques gardes, si cela vous intéresse, je pourrais - ainsi que les autres chevaliers - vous aider à approfondir vos connaissances en techniques de combat… du moins, jusqu’à ce que les écuyers nous soient distribués. Quoi que cela n’est qu’une simple proposition…

Ainsi, il attendit sa réaction, alors que les rayons de l'astre solaire venaient éclairer sa chevelure du jais, éclairant son regard couleur d'océan.

En effet, il n'y avait rien de bien excitant dans la vie de princesse. Ces soirées où les manières et les vêtements étaient de premier plan et tous ces protocoles ne semblaient être là que pour l'encombrer et ternir ses journées. En même temps, quand elle réussissait à se glisser à l'extérieur des murs du château, la vie lui paraissait des plus joyeuses et s'illuminait d'un coup pour elle.

- Voyez-vous majesté, s’il en était autrement, on ne me permettrait point de guider d’autres chevaliers… je risquerais de les précipiter dans une crevasse à la moindre patrouille que nous effectuerions.

Fit le grand chevalier à son intention.

La jeune femme réfléchit aux paroles, un sourire en coin, avant de répliquer:

- Si c'est se que vous croyez.

Fit-elle pour le taquiner. En fait, elle était très loin de douter des capacités du chef des chevaliers mais, elle s'amusait à le faire réagir un peu. Aussi, c'est avec une joie apparante qu'elle accepta de suivre des leçons de combat avec Alexandre. Elle ne souleva pourtant pas le point que d'autres chevaliers pourraient venir se meler aux leçons. Elle ne connaissait encore personne outre Alexandre et, sans vouloir se l'admettre, c'est avec lui seul qu'elle désirait passer du temps et apprendre.

- La perspective que vous me montriez à me battre m'enchante réellement.

Réussitait-ele à articuler.

Elle détourna son regard un moment du chevalier pour le poser sur l'enceinte du château qui s'approchait lentement. Bientôt, ils seraient rendu à destination.

- Quand désirez-vous me donner ma première leçon?

Demanda-t-elle en plongea à nouveau ses magnifiques yeux dorés dans ceux du chevalier. Un large sourire illuminait ses lèvres d'excitation et de bonheur. Enfin un peu d'action!

- Oui, c'est en effet ce que je crois, répliqua-t-il en guise de réponse à sa première intervention.

Puis, devant la mine réjouie de son interlocutrice, le jeune homme pris son abrobation comme un signe de bon présage. Après tout, ainsi, peut-être éviterait-il un quelconque accident à la fille de son souverain...

Quoi qu'il en soit, bien que l'excitation de la princesse se ressentait parfaitement, il décida de n'en faire point allusion, annulant les possibilités de la mettre dans l'embarras... ou de la faire entrer dans une colère qu'il préférait éviter. Le jeune chevalier se contenta donc d'hausser les sourcils à nouveau face à ses propos tout de même élogieux à son égard.

-La perspective que vous me montriez à me battre m'enchante réellement,, dit-elle tout sourire.

- Cela reste à voir, rétorqua l'ancien prince tout en haussant les épaules. Vous finirez par tellement me détester que vous souhaiterez que je parte en mission le plus rapidement possible, fini-t-il par ajouter en feignant un sérieux implacable.

La forteresse se rapprochait alors qu'ils se retrouvaient désormais sous le ciel clair, strié à quelques endroits de nuages éparses. La jeune femme l'observait toujours de son regard aux reflets dorés. Le chevalier le soutint sans sourcier, avant d'ajouter:

- Je suis votre humble serviteur, princesse Amëly Ann. Je ne vois aucune objection à débuter vos entrainements à notre arrivée, ou lorsque vous voudrez bien y participer. La décision finale vous appartient, majesté.

Bien entendu, il n'avait aucune intention de lui imposer d'horaires quelconques. Puisq'elle semblait intéressée et que l'absence d'écuyers à éduquer permettait à Alexandre de lui apprendre d'autres techniques de combats, le jeune homme ne voyait point d,inconvénients à laisser libre choix à la demoiselle.

- Cela reste à voir, rétorqua l'ancien prince tout en haussant les épaules. Vous finirez par tellement me détester que vous souhaiterez que je parte en mission le plus rapidement possible.

Lui dit-il sérieusement. Peut-être un peu trop justement pour qu'elle prenne la remarque au sérieux. Toujours souriante, Amëly doutait du fait que venait d'énoncer le jeune chevalier. En effet, elle ne voyait absolument pas comment elle pourrait avoir envie de le voir partir alors qu'il était le seul à qui elle parlait en dehors de la garde royale et de sa famille.

Pour se qui était de ses entraînements, l'envie de commencer dès son arrivée au château la rongeait mais, elle se dit que le chavalier désirerait peut-être se reposer un peu avant. C'est pourquoi elle lui laissa le choix.

- Si vous désirez commencer dès notre entrée dans l'enceinte du château, et bien soit, je ne riposterais pas. Mais si vous ressentez le besoin d'aller vous reposer avant, vous n'aurez qu'à m'envoyer une missive contenant l'heure et l'emplacement de ma première leçon, sir.

Fit-elle de sa voix mieilleuse.

La jeune princesse était habituée de suivre un horaire du temps bien structuré alors, même si Alexandre décidait de lui imposer une certaine heure, elle ne s'en plaignerait pas. Elle attendit donc sa réponse en souriant doucement pendant que les chevaux enjambaient le pont-levis du château.

HJ: Alexandre, on continue dans l'écurie.
Sujet terminé & vérouillé. ^^